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Centenaire LBA : Jean Huitorel, une vie au service du sport

Dernière mise à jour : 24 mars 2022

Figure emblématique de l’athlétisme breton, Chevalier de la Légion d’honneur, Jean Huitorel a côtoyé beaucoup de grands hommes mais il n’était jamais aussi heureux que sur les terrains de sport, il ne râtait jamais un Championnat de Bretagne d’Athlétisme ou de cross-country...


« La dernière fois que je l'ai vu, c'était aux championnats de Bretagne de cross à Plouay, en janvier 2017, complète Jean-Marc Beraud, président de la ligue de Bretagne. Il venait encore régulièrement et avec grand plaisir aux championnats régionaux et aux AG où nous l'invitions. Il avait gardé une grande vivacité d'esprit et une mémoire incroyable sur tous les aspects de note sport. C'était une grande figure de l'athlétisme, pas seulement breton, mais français. »


Portrait de Jean Huitorel : Une vie au service de l'athlé

Crédits Photo : Le Télégramme
Crédits Photo : Le Télégramme

Né le 5 décembre 1920 à Paimpol (Côtes-d’Armor).

Sa carrière d'enseignant, c'est au sport qu'il l'a entièrement consacrée, à Brest durant trois ans, Guingamp l'année suivante, Quimper deux années, puis Rennes, durant un quart de siècle. Sa passion pour l'athlétisme l'a suivi partout, avec cette envie constante de la transmettre aux jeunes générations. Il est aussi connu pour son investissement en tant que professeur d'éducation physique à l'Ecole Normale de Rennes de1951 à 1976.


Ancien athlète de haut niveau, champion de France universitaire du 3.000 m en 1942, professeur de sport, il a également oeuvré comme dirigeant et entraîneur du Stade Rennais Athlétisme, où il entraîna de 1951 à 1989 (soit pendant 38 ans).

Auteur d'un livre intitulé « Itinéraire d'un éducateur républicain engagé », dans lequel il racontait sa très longue expérience au service du sport et des sportifs en devenir, il a marqué le milieu local par sa disponibilité et son engagement au service de sa cause. Celle-ci l'a amené à dispenser ses enseignements en Bretagne (Brest, Guingamp, Quimper, Rennes), mais également en Basse-Normandie et Pays de la Loire, où il fut le premier cadre technique inter-régional après avoir été CTR Bretagne.


Résistant pendant la Seconde guerre mondiale, il s'engage au sein des Forces Françaises Libres, et rejoint l'Afrique du Nord, après un passage par les geôles franquistes en Espagne. Après avoir participé à la bataille de Monte Cassino, comme un certain Alain Mimoun, il sera également de la campagne de Provence avant de retrouver son poste à l'ENS de Rennes à la fin du conflit.


Jean Huitorel entraînant le relais 4x400 du Stade Rennais lors  des Championnats de France des relais en Mai 1968. Vainqueur en 3’11”7 (avec sur la photo de gauche à droite : Gérard Le Bolch, Gilles Berthoud, Jean-Marc Gragez, Jean Huitorel et Robert Poirier)
Jean Huitorel entraînant le relais 4x400 du Stade Rennais (avec sur la photo de gauche à droite : Gérard Le Bolch, Gilles Berthoud, Jean-Marc Gragez, Jean Huitorel et Robert Poirier) - Archives : Le Telegramme

Entraîneur au sein du Stade Rennais de 1951 à 1989, il a notamment formé Robert Poirier, médaillé de bronze aux championnats d'Europe 1966 et DTN de la FFA de 2001 à 2005, mais aussi de Gilles Bertould et Francis Kerbiriou, médaillés de bronze avec le relais 4x400 m à Munich en 1972. Très attaché aux valeurs humanistes de laïcité et de liberté, celui que ses proches surnommaient « Huito » avait été élevé au rang de Chevalier de la légion d'honneur en mai 2013.

Une distinction qui récompense son engagement au service de l'athlétisme.


Son élève emblématique : Robert Poirier, olympique puis DTN

Celui qui, jeune élève à l'Ecole Normale Supérieur de Rennes, n'était pas très bon en sport, va devenir un athlète accompli. « J’ai débuté cadet par le 80 mètres haies. En junior, j’aurais dû fort logiquement passer au 110 mètres haies, mais je n’étais pas assez puissant, c’est donc par défaut que je me suis retrouvé sur le 400 mètres haies. Lors de ma première compétition dans la discipline, au Stade de Courtemanche en 1960, j’ai fait un chrono d’1'07". C’était parti, j’étais lancé », se souvient Robert Poirier.


Les épreuves s’enchaînent et les temps se réduisent. De 1’07" en 1960, il passe à 1’03" l’année suivante, puis sous la minute en 1962 avec un temps de 55"8, et de 53"8 en 1963. « En 1964, j’ai battu le record de France en 51 secondes ». Enfin, en 1966, il court en 50"3. Vite repéré, Robert Poirier est sélectionné pour la première fois en Equipe de France en 1962 à Bordeaux. Le palmarès qu’il se construit alors est exceptionnel, marqué notamment par deux records de France et deux participations aux Jeux Olympiques !

Pourtant, l’homme reste simple face à son succès. « J’étais un élément de l’Equipe de France d’Athlétisme, un modeste composant, d’autant plus qu’à l’époque l’Equipe était luxuriante (Jazy, Bambuck, Piquemal, Delecour, Nallet, d’Encausse…), j’étais juste l’un de ceux qui ramenait des médailles », concède-t-il.

Jean-Marc Beraud, Président de la Ligue, se rappelle « Dans les années 1960, j’étais jeune minime, puis cadet. Je me souviens qu’à l’époque Robert Poirier était alors l’un des athlètes phares de l’Equipe de France. Puis, il a été un grand dirigeant, notamment comme DTN »

Ceux de sa génération qui se souviennent bien de Robert Poirier, voyait en lui à l’époque un sportif de haut niveau et également un homme intelligent. Aussi, rien d’étonnant de l’entendre raconter comment il a mis fin à sa carrière sportive. « L’arrêt de ma carrière coïncide avec l’arrivée des pistes synthétiques pour lesquelles je n’avais pas le profil morpho-physiologique. Ainsi, à Colombes, en juin 1968, je bats sur piste en cendrée l’Allemand Henninge. Quelques semaines plus tard, je cours mon dernier 400 mètres haies en compétition officielle aux JO de Mexico, où j’atteins la demi finale sur synthétique. Henninge sera lui médaillé d’argent », explique-t-il. Parallèlement, Robert Poirier est instituteur, et entre à l’Ecole Normale en qualité de professeur d’EPS. Il devient également professeur à l’UER d’EPS de Rennes. « Ma carrière dans l’administration sportive, technique et politique, a commencé là ».

Pendant 37 ans, Robert Poirier mène sa carrière dans l’administration du sport comme il a conduit sa vie d’athlète, avec une saine ambition, avec droiture et engagement. Il prend rapidement la direction de l’UER d’EPS (Unités d’Enseignement et de Recherche en Education Physique et Sportive), puis devient Vice-Président de l’Université de Haute-Bretagne. En 1983, il est directeur du Service Régional de l’UNSS (Union Nationale du Sport Scolaire) de Rennes et l’année suivante Conseiller Technique au Cabinet du Ministre délégué à la Jeunesse et aux Sports, Alain Calmat. Il rejoint l’INSEP (Institut National du Sport, de l’Expertise et de la Performance) en 1985 en tant que Chef du Département du Sportif de Haut Niveau. De 1990 à 1997, il s’installe à Voiron, près de Grenoble, pour prendre la direction du CREPS Alpes Vivarais (Centre de Ressources, d’Expertise et de Performance Sportives) avant de rejoindre celui de Toulouse. Parallèlement, Robert Poirier mène des mandats électifs, il est ainsi depuis 2012 Président du Club des Directeurs Techniques Nationaux. Il fut aussi Président du Comité consultatif du sport du Conseil Général d’Ille-et-Vilaine, Président de l’Office des Sports de Rennes, Président du Conseil Permanent des Chefs d’établissements du Ministère de la Jeunesse et des Sports…

Puis DTN de l'équipe de France

En 2001, après la déroute de l’Equipe de France d’Athlétisme aux Jeux Olympiques de Sydney l’année précédente (zéro médaille), Robert Poirier est appelé pour en prendre les rênes. Il devient Directeur Technique National. Une lourde tâche l’attend alors : « Etre DTN demande beaucoup d’énergie, d’autant plus à l’époque où il a fallu serrer la vis. Peut-être ai-je été nommé un peu tard, à 59 ans, mais avec cette équipe, celle des Eunice Barber, Christine Arron, Muriel Hurtis, Medhi Baala, Stéphane Diagana, Jean Galfione… j’ai ressenti une grande fierté, notamment lors des Championnats du Monde de Paris de 2003, où nous avons remporté 8 médailles ! », dévoile-t-il.

Son rôle de DTN, Robert Poirier l’a pris très à cœur, et il n’a pas failli à sa mission, notamment celle de redresser cette Equipe de France, avec la rigueur et la vitalité que cela nécessitait. Il a d’ailleurs marqué les esprits. En mars 2005, il a pris sa retraite et retrouvé sa ville aimée, Rennes.


Le Palmarès de Robert Poirier :

  • 5 fois Champion de France du 400m haies

  • Recordman de France du 400 mètres haies en 1963 et en 1965 (record qu’il conservera près de 10 ans, battu en 1974 par Jean-Claude Nallet, détenu depuis 1995 par Stéphane Diagana en 47 s 37)

  • 31 sélections internationales

  • 2 sélections aux Jeux Olympiques (Tokyo 1964. Mexico 1968)

  • Médaillé de bronze au Championnats d’Europe de Budapest en 1966

  • Vainqueur de la Coupe d’Europe des Nations en 1965

  • Champion du Monde Militaire en 1965



...Jean Huito : premier conseiller technique de Bretagne

Jean Huitorel, fut l’un des premiers Conseillers Techniques Régionaux et relata, dans le Magazine de la Fédération en août 1992, la création des Conseillers Techniques .

Raconter l'histoire des premiers cadres techniques que le Ministère avait mis à la disposition des Fédérations sportives, c'est se reporter à près de 60 ans en arrière.


La création des CTS écrit par Jean Huitorel

C’est en octobre 1953 que le gouvernement voulut donner un essor au sport français renaissant au sortir de la guerre, en le dotant de conseillers techniques. Les bénéficiaires étaient les fédérations et la première choisie par la direction des sports fut la Fédération Française d’Athlétisme.

Du 3 au 7 Novembre 1953, au C.R.E.P.S. de Strasbourg, sous la direction de Paul MATHIOTTE, professeur d'Education Physique et Sportive émérite, Inspecteur de la Jeunesse et des Sports, promu Conseiller Technique National, étaient regroupés les 18 premiers conseillers techniques régionaux auxquels allaient être définies leurs missions (dont Jean Huitorel faisait partie).

Ces personnes avaient été désignées par les Ligues, à la demande des Services Académiques de la Jeunesse et des Sports et choisies pour leur compétence et leurs qualités d'animateurs.

Elles eurent pour première tâche de collaborer avec la C.T.S.O.(Commission Technique, Sportive et d'Organisation) régionale, de prospecter dans le milieu scolaire et d'apporter aide et conseils aux clubs. Et ceci avec les moyens du bord qui, petit à petit, devinrent assez conséquents.

Le regroupement terminé, nous avions la tête pleine de projets. A Rennes, où on m’avait confié ce travail tout en restant enseignant d’E.P.S. à l’Ecole Normale d’Instituteurs, je fis le compte-rendu du stage devant le Président de la Ligue Roger Pelé et quelques membres du comité directeur, et il me fut donné « carte blanche ».

Vaste programme pour des opérations dont nous ne connaissions pas l’aboutissement. Ce qui signifiait qu’il fallait faire preuve d’initiative.

Je me souviens de la première requête que je fis, c’était que les réunions, challenges ou championnats de cross-country et d’athlétisme commencent à l’heure. Ce qui n’était pas toujours le cas...


Le nombre de conseillers techniques sportifs créés à la fin de la IVe République en 1958 augmente considérablement et dès 1962 les directeurs techniques nationaux (DTN), techniciens supérieurs possédant autorité et compétences, sont mis à la disposition de chaque fédération délégataire. Chargés de penser leur sport de la base au sommet ils sont un atout considérable pour replacer la France à son rang.

En 1973, on dénombre 19 DTN assistés de 91 entraîneurs nationaux et 650 conseillers techniques régionaux ou départementaux... au nombre de 1680 à ce jour.


...jusqu'à aujourd'hui

Aujourd’hui, le poste de CTS a évolué, c’est un agent de l’Etat qui est chargé de responsabilités diversifiées, liées, en particulier, au sport de masse (progression de la pratique licenciée), au sport de haut niveau (détection des talents et perfectionnement de l’élite, sélection des équipes nationales), à la formation des cadres.

Ils contribuent directement à la mise en œuvre de la politique sportive de l’Etat et sont garants de la cohérence entre les projets sportifs des fédérations et les orientations prioritaires du ministère de la santé et des sports.

Ils peuvent occuper les postes de directeur technique national (DTN), de DTN adjoint (DTNA), d’entraîneur national (EN), de conseiller technique national (CTN) ou régional (CTR).

La Ligue de Bretagne d’Athlétisme bénéficie de 2 conseillers techniques Antoine Galopin et Jonathan Baleston Robineau respectivement en charge des formations en territoire et de la performance en territoire. Ils assurent la liaison entre les Délégations régionales académiques à la jeunesse, à l’engagement et aux sports (DRAJES) anciennement DRJSCS auprès de laquelle ils sont affectés, les organes déconcentrés de la fédération sportive (ligue, comités régionaux et départementaux) et les différents services publics ou privés qui participent au développement des APS.


...Quelques conseillers techniques passés par la Bretagne :

Jean Huitorel, Joseph Balanant, Joël Menut, Yves Robert, Francis Kerbiriou, Gérard Le Bolc’h, Claude Prouff, Yves Hazo, Arnaud Villemus, Claude Chopot, Thierry Le Fur, Gilles Dupray, Claire Malaquin...


CREDITS

Textes sur Robert Poirier : Morgane Soularue - Département d'Ille-et-Vilaine

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